Il devait être environ 22h30, une nuit totale avait envahie les rues de Sierra, quand un vrombissement résonna en bas de l‘immeuble, je descendis de chez moi. Une fois devant la voiture, je pus reconnaitre facilement le visage de celui qui m’avait sauvé, un sourire chaleureux aux lèvres. Une fois installée confortablement, il démarra en trombe. Tout à coup, tout s’assombrissait, son visage se crispait, dehors il était presque impossible de tout voir tellement la vitesse à laquelle nous roulions était élevée.
« Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi cette ambiance noire? »
Commençant à m’inquiéter, je me lançais:
« - Monsieur, j’aimerais savoir où vous m’emmenez et quelle est l’origine de votre surprise? Demandais-je apeurée.
- Si je te le disais ce ne serait plus une « surprise », me répondit-il d‘un ton mauvais. »
L’adrénaline commençait à monter en moi, il n’était plus celui qui m’avait recueilli, cet homme m’était inconnu. Prise d’une panique inimaginable, j’essayais d’ouvrir la portière, elle était fermée.
« - Laissez-moi partir! Criais-je.
- Voyons Anna, cela ne fait que commencer, dit-il ravit.
- Qu’est-ce que vous me voulez?!
- Ce que je veux? Ta vie bien sûr, tu vendras ton corps pour mon compte et une fois que tu ne me seras plus utile, je t’abandonnerai et te laisserai pour morte! Répondit-il d’un ton plus que menaçant. »
« Tu ne me seras plus utile, je t’abandonnerai et te laisserai pour morte! »
Cette phrase, tel un venin se répandait en moi, me paralysant entièrement.
« - Je ne pouvais pas laisser une occasion pareille m’échapper, une fille aussi naïve que toi, ça ne court pas les rues et d’autant plus que tu es seule, que demander de plus? Continua-t-il d’un ton presque joyeux. »
J’étais terrifiée, je n’arrivais plus à penser. J’étais dans la limite de la léthargie.
« Plus Utile, Abandonner, Laisser, Naïve. »
« - Bon d’habitude c’est pas moi qui fais tout ce boulot, mais comme c’est moi qui t’es trouvé, je tenais à régler l’affaire jusqu’au bout. »
« Seule. »
« - Sois sage veux-tu! »
L’écho de ces mots était pire que la torture.
Prise d’une hystérie et dans un élan de survie, je lui assénais un coup de coude en plein visage. La voiture stoppa dans un crissement de pneus. Pendant qu’il agonisait, je défis ma ceinture, débloquais la portière. Il essayait de me retenir par le bras pendant que j’essayais de sortir. Dans ma crise, je lui envoyais une droite, avec toute la rage que je ressentais. Une fois à l’extérieur, je jetais des coups d’œil dans tout les sens…je ne reconnaissais pas l’endroit. Je me mis à courir. J’essayais, tant bien que mal de refaire le chemin que nous avions parcouru, mon seul objectif était mon appartement. Je savais très bien que c’était du suicide d’y retourner, mais c’était le seul endroit qui me venait à l’esprit. Au fur et à mesure que j’avançais, les rues devinrent familières. Bien que nous soyons en pleine rue, il n’y avait personne. Je l’entendais me courser. J’accélérais de plus belle, essayant de le semer à certains virages mais sans succès. Quand enfin j’arrivais devant mon immeuble. Essoufflée, je me jetais sur la porte d’entrée, elle était verrouillée.
« Oh non! »
Avec férocité, je tapais en sachant que le pass se trouvait dans mon sac…dans sa voiture. J’aurais voulu hurler, mais il m’empoignait avec une telle force que j’étais impuissante. Il cogna ma tête contre la porte, ce qui m’assomma légèrement. Il me traina dans la petite ruelle d’à coté. Malgré mon mal de crâne intense j’essayais de me défendre, il avait réussi à me mettre à terre et à bloquer mes bras et mes jambe. Mon cri était étouffé par sa main. Il me frappa avec une grande violence au visage…Et là tout devint noir.